
À la frontière de la poésie, du conte et du slam, Daredjane compose avec Bouts tabous une collection de récits "poérotiques", rythmés et souvent rimés, écrits d'abord pour la scène.
Une œuvre à lire à haute voix.
Pour "dire les non dits. Écrire l’inavoué. Sans interdit. Ni aucune frontière à mon vocabulaire. Etre Crue. Mais pas vulgaire. Mise à nu. En pleine lumière. Défi littéraire. Et surtout déciller totalement. Faire tomber les masques. Les miens d’abord. Mais avec légèreté. Tout briser en éclats de rire. Parce que le sérieux est ridicule. Et puis vous raconter mes Bouts tabous. En vous regardant dans les yeux. Pour voir."
Un recueil illustré par le peintre Frédéric Pissarro
-> à propos de la version spectacle
Critiques
L'avis de Libération
« Le vocabulaire est cru, l’humour bien léché, le ton malicieux […] Des petites histoires en vers d’apparence légère qui dévoilent leur vraie nature au fil du conte […] En alexandrins, la jeune femme dissèque les suées brûlantes d’une troupe de mâles en rut observant des femelles lascives, dévoile le remède de cheval d’un médecin pour soigner la sinusite de ses patientes, ou raconte l’histoire d’une tunique qui caresse et pénètre tout entière une femme venue l’essayer dans une boutique. Daredjane explore fantasmes, tabous et obsessions, les entreprend sous des angles inattendus, attaque à revers les plus dérangeants d’entre eux. Ces poèmes érotiques deviennent alors noirs. Certains textes sont glaçants (Promenons-nous dans les bois). Sa plume sait pourtant faire preuve de truculence, être à la fois drôle, sale (Prurit) ou sucrée, comme la destinée douce et exotique d’un presse-agrume électrique (L’Ile Prune). Les histoires de Daredjane sont de celles qui saisissent de l’intérieur. »
VINCENT NGUYEN
L I B E R A T I O N - 28 mars 2001
Extrait
Chant cochon (extrait)
La fille, dont le con s’échauffe sous les rayons,
vient de livrer ses lèvres à ses doigts délicats,
le temps de constater, en tâtant, à tâtons,
son état.
En y passant la main, la petite putain
a ouvert le chemin, carmin, de ses entrailles…
De sa moule corail, qui baille sous la foule des regards qui l’assaillent,
coule un filet mielleux, qui mollement se déroule et balance un moment,
brillant de mille feux dans le soleil ardent
jusqu’au fin fond des yeux qui fouillent, affolés cette faille mouillée !
Et puis, comme aimantée,
la scintillante humeur vient d’un coup se coller
au creux d’une des cuisses
qu’elle a longues, dorées, musclées, nerveuses et lisses…
Les mateurs croient rêver !
Chacun la voit déjà empaler sur sa queue
son con juteux et gras, à peine duveteux,
"Qu’elle descende un peu !"
Mais elle ne descend pas,
Parole ! Elle reste là,
l’œil vague dans l’écume
qui embrume les vagues.