Pour ses 10 ans, la revue universitaire et poétique NÉMÉSIS édite un numéro spécial : neuf nouvelles, neuf auteurs, pour neuf interprétations libres des mêmes trois photos de Mathilde Levêque. Une carte de Mille bornes dans des gravats, un paysage défilant à travers la vitre d'un train, une feuille de palme desséchée... des photos sans aucun sens... à moins qu'un message s'y dissimule... et si ces clichés venaient du futur ?
Extrait
Elle est partie comme ça, sans prévenir ni rien. Elle ne m'a même pas laissé un mot. Juste trois photos sur la table de la cuisine, des polaroïds à la con, des photos de rien, il n'y a qu'elle pour prendre des photos comme ça.
Au début, je n'ai pas fait vraiment attention, je pensais qu'elle allait rentrer, qu'elle avait pris sa valise juste pour me faire peur.
J'ai mis trois jours à réaliser qu'elle était partie pour de bon et qu'elle m'avait laissé juste ça,, ces trois photos bizarres, et de les regarder sans rien comprendre, ça m'a rendu fou. On se fout pas de la gueule des gens qui vous aiment, c'est trop dégueulasse.
J'ai commencé par casser les assiettes, les vases, les vitres, et puis les lampes, les tables, plus j'y allais plus ça montait, c'était incroyable cette rage, j'ai attaqué les portes à coups de latte et les placards à la hache, et je me sentais de plus en plus fort, j'en avais jamais assez, finalement je me suis acharné sur les murs à coups de masse. Heureusement qu'elle n'est pas rentrée à ce moment là, je l'aurais massacrée.
Je ne suis pas violent pourtant d'habitude, pas du tout même, c'était une première, et je dois dire que pour un coup d'essai, ça a été un vrai coup de maître, j'ai détruit la maison.
